Outre le fait d’être submergés par cette pandémie qui semble sans fin, au Venezuela nous voyons inévitablement tout ce qui manque, parce qu’en plus c’est la réalité. L’accès aux services publics, moyens de transport, aliments et médicaments est chaque jour plus compliqué et nous sommes témoins de la croissance de la pauvreté partout. On ne peut pas cacher le soleil avec un doigt, mais nous ne pouvons pas non plus nous laisser aveugler et vivre avec une mentalité de dénuement et renoncer au désir de mieux vivre.

Il existe, à mon point de vue, deux attitudes clef qui nous permettent d’être protagonistes d’un changement de mentalité et d’initier des processus dans l’espace qui nous concerne (dans notre mètre carré).

En premier lieu, la certitude que la réalité est un signe et cache quelque chose de grand et positif pour chacun de nous. Si nous refusons d’office cette possibilité, il devient plus compliqué de transformer les problèmes et les pénuries en opportunités. Les critiques auront toujours le dessus et notre raison se troublera.

La seconde attitude, je dirais même qu’elle est une condition sine qua non pour la première, est résumée de manière géniale par la phrase du philosophe juif Abraham Joshua Heschel: “Sans étonnement, nous restons sourds face au sublime” (et qui est également le titre du Meeting de Rimini 2020). Ceci indique la posture fondamentale pour ouvrir les portes de la connaissance. L’étonnement sur la simple existence des choses et de nous-mêmes est fondamental, parce qu’elles sont la matière première pour entreprendre un travail et, en outre, nous permet d’avoir la sensibilité afin de nous laisser émerveiller.

Faisant référence à Robinson Crusoé, G.K. Chesterton dans son livre L’éthique au pays des lutins, résume la positivité de celui qui a survécu à un orage: “Tout a été sauvé d’un naufrage. Chaque personne a vécu une terrible aventure: avec une naissance prématurée, où elle aurait pu ne pas être, comme les enfants qui ne voient jamais le jour. Les gens parlaient beaucoup dans mon enfance d’hommes géniaux qui étaient restés à mi-chemin ou s’étaient pervertis. Il était fréquent de dire que beaucoup d’hommes étaient des “Il Aurait Pu Être Grand”. Pour moi, il y a plus de bien-fondé et il est plus passionnant de penser que tous les gens que nous croisons dans la rue sont des grands “Il Aurait Pu Ne Pas Être”.

Toi et moi, nos familles et amis, cette pandémie, tout ce qui nous arrive de bien et de mal, l’Association Trabajo y Persona elle-même et, par là même, toutes les informations de ce bulletin “Auraient Pu Ne Pas Être”, mais tous ces éléments le sont et existent; je vous invite donc à vous poser ces questions: avec quel objectif? Pourquoi sommes-nous destinés à vivre ce qui nous arrive?